Ordo Servorum Mariae

Hagiographie OSM

Iconographie OSM


Charismes servites

FRATERNITÉ

L’importance de la communion fraternelle dans notre vie est clairement illustrée dans nos Constitutions. La prière de Jésus pour que les disciples soient un comme lui et le Père sont un, le témoignage de l’Église primitive, première communauté chrétienne où tous ceux qui étaient venus à la foi avaient un seul cœur et un seule âme (Cfr. Actes 4, 32), le précepte de Saint Augustin selon lequel les frères doivent vivre « unanimes dans la maison » et avoir « tout en commun » entre eux, et enfin, l’exemples de nos Sept Saints Fondateurs que nous connaissons dans la Legenda de Origine Ordinis, font de la communion fraternelle un élément essentiel de notre vie. Sans la communion fraternelle, nous ne serions pas d’authentiques Servites de Marie. La communion fraternelle est notre manière de témoigner l’évangile; elle façonne notre style de vie, notre travail et notre prière; elle détermine la forme du gouvernement de l’Ordre et donne à notre service apostolique une empreinte particulière; c’est l'espace du témoignage de notre pauvreté évangélique, de notre obéissance à la Parole de Dieu et aux décisions communautaires; nous reconnaissons en elle une source d’amitié et une garantie de notre consécration au Seigneur dans la chasteté pour le Royaume ; enfin, la communion fraternelle est l’indispensable climat pour une formation vraie du Servite de Marie et pour l’épanouissement intégral de sa personnalité.

 












INSPIRATION MARIALE

 La consécration totale à la Bienheureuse Vierge, «refuge spécial, Mère singulière et notre Dame», est un autre élément essentiel de la vie de l’Ordre. Elle a ses racines dans l’acte même des Fondateurs au début de leur itinéraire spirituel : craignant leur imperfection, ils eurent justement l’idée de s’abandonner humblement de tout cœur et avec piété à la Reine du ciel, la Glorieuse Vierge Marie; comme médiatrice et avocate, elle les réconcilierait et les recommanderait à son Fils... Se consacrant à la Vierge, Mère de Dieu, ils voulurent s’appeler "Serviteurs de Sainte Marie". Dans notre Ordre, il y a toujours eu la conviction d’une présence toute particulière de Marie dans notre vie : aux origines et durant les siècles, jusqu’à aujourd’hui. Déjà au temps des Fondateurs et de saint Philippe, les Servites furent conscients que sainte Marie, Mère des miséricordes, a été elle-même à l’origine de l’Ordre. Avec une image prise aux Saintes Écritures (Is 61, 3 ; Ps 143, 12), le pape Innocent IV désigna l’Ordre, dans la Bulle «Ut religionis Vestraes» du 1 août 1254, la Novella plantatio. Ainsi, la plantation devient bientôt, dans la conscience des frères, la plantatio Virginis. L’Ordre ainsi né est la vigne cultivée, protégée et défendue par la Vierge Marie. L’Ordre a toujours senti cette présence maternelle le long de son histoire, vénérant et servant Marie avec dévotion comme la Femme de la joyeuse annonciation, de la miséricorde royale et de la compassion rédemptrice. Sa présence est perçue surtout quand, pour plus d’une raison et en différentes circonstances, l’Ordre aura été menacé de disparition ou aura connu le risque de perdre une bonne partie de son patrimoine spirituel. Ces moments difficiles ont renforcé la conscience d’être la «Religio Dominae nostrae», conscience qui constitua pour l’Ordre un motif d’espérance et une force singulière dans la reprise de son engagement évangélique. Dans les Constitutions de 1987 et dans le Rituel propre, c’est tout le mystère de la Vierge qui est proposé pour être contemplé et vénéré par les Servites; toutefois, suivant notre tradition pluriséculaire certains aspects sont particulièrement mis en évidence : L’Incarnation du Verbe, événement dans lequel, pleins de vénération, les Servites contemplent la Très Sainte Vierge de l’Annonciation, le Femme du « FIAT » (Cfr. Lc 1, 38), humble et pleine de foi. Ils apprennent d’elle «à accueillir la Parole de Dieu et à être attentifs aux manifestations de l’Esprit». L’association de la Mère à la passion rédemptrice de son Fils (Cfr. Lc 2, 34-35, Jn 19, 25-27 détermine la piété particulière des Servites envers la Vierge des Douleurs. La maternelle intercession de la Vierge, Reine et Mère de miséricorde, à laquelle les Servites ont recours et dont ils s’efforcent de prolonger la miséricorde dans leur vie. Sa glorification auprès de son Fils dans le ciel, où elle resplendit comme la Dame glorieuse. Les Servites lui offrent leur service de dévotion et se réfugient sous sa protection.

MISÉRICORDE 

 La conversion On rencontre souvent dans l’iconographie servite l’image de la Mère de la miséricorde qui accueille ses servants et les protègent de tout mal physique et spirituel, en invoquant des grâces auprès de son Fils. Dans cette piété des Servites, on rencontre aussi et surtout l’appel de Dieu à la conversion comprise comme un cheminement constant vers Dieu et un progrès de tous les jours dans la voie tracée par l’évangile. La conversion est aussi une composante qui caractérise la spiritualité des Servites. Elle plonge ses racines dans l’avertissement que Jésus adresse à ceux qui veulent être ses disciples : « Convertissez-vous et croyez à l’évangile » (Mc 1, 15) ; la conversion implique une « tension constante et radicale de la communauté et de chaque religieux Servite vers la nouveauté du Christ ». Le détachement et les choix accomplis par les premiers Pères Fondateurs, lorsqu’ils se réunirent pour suivre le Christ et son évangile, constituent un exemple convaincant de la "conversio morum", changement de moeurs, pour les Servites. La conversio morum exige en effet un style de vie austère, sobre, pénitente, de manière à ce que la parole de l’apôtre se réalise pour chacun de nous : "ceux qui appartiennent au Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons de l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit" (Gal 5, 24-25).

Marie dans le mystère de la Rédemption : « Vierge des Douleurs » La dévotion à la Vierge des Douleurs, pour les Servites, est étroitement liée au symbolisme de l’habit noir, auquel les hagiographes du XIV siècle reconnaissaient déjà un signe de l’humilité de la Vierge et de ses peines endurées lors de la passion de son Fils. La réponse que saint Philippe donna à deux dominicains qui l’interrogeaient sur son Ordre, et la vision mariale de saint Pierre-le-Martyr, selon l’auteur de la « Legenda de Origine Ordinis », mettent l’habit noir en relation avec le mystère de la douleur de Notre-Dame : « habit de veuvage » de la Vierge, comme dit saint Philippe; et «la douleur qu’elle souffrit, à l’amère passion de son Fils», comme le précise l’auteur de la LO. Il s’agit là des premiers témoignages du XIV siècle, objet d’intérêt croissant de la part des historiens de l’Ordre. On y reconnaît le germe de cette attention amoureuse pour la Vierge des Douleurs, attention qui a grandi successivement et qui constitue un élément caractéristique de la spiritualité de l’Ordre. Le culte spécial envers la Vierge des Douleurs s’exprimera en effet à travers les dévotions comme le chapelet des Sept Douleurs, la Via Matris et la messe votive des Sept Douleurs accordée à l’Ordre le 9 juin 1668. Au cours des XVII, XVII et XIX ̊ siècles, un fait important à l’intérieur de l’Ordre marqua le développement de cette piété. La Vierge des Douleurs est proclamée titulaire et patronne de l’Ordre le 9 août 1692; point de départ d’un long chemin au cours duquel sont nées et se sont affirmées plusieurs expressions de piété populaire et liturgique. Ce fut également un aiguillon et un point de départ pour d’autres pieux exercices de dévotion en honneur de la Reine des martyrs. L’épilogue des Constitutions de l’Ordre synthétise la figure de la Mère de Dieu dans le mystère de la Rédemption ainsi que celle de ses Serviteurs : «Dans cet engagement de service, que la figure de Marie au pied de la Croix soit notre modèle et notre guide. Puisque le Fils de l’Homme est encore crucifié dans ses frères, nous, Serviteurs de Marie, voulons être avec elle au pied des innombrables croix pour apporter réconfort et coopération rédemptrice».